Ayant
parlé de son beau-père et de son mari dans ma précédente chronique, il me
semble opportun d’évoquer Claude Vignon, pseudonyme de Marie-Noémi Cadiot
(Paris, 1828 – Saint-Jean-Cap-Ferrat, 1888). Je ne reviendrai pas sur le
parcours de cette artiste, sculptrice et femme de lettres, laissant Le Monde
illustré brosser son portrait. Pour ma part, je me contenterai d’évoquer
ses liens ténus avec la cité phocéenne.
En
1867, Claude Vignon exhibe sa Daphné à l’Exposition universelle de Paris
où elle est acquise par l’État. En 1873, celui-ci la dépose au musée des
beaux-arts de la ville de Marseille. Il est probable que son mariage avec le
député républicain de Marseille Maurice Rouvier (1842-1911), le 3 septembre
1872, n’y est pas étranger soit que l’homme politique ait appuyé ce dépôt, soit
que l’Administration ait trouvé cet envoi pertinent.
La
sculptrice, qui se fait désormais appeler Mme Rouvier dans la vie civile, suit de
temps en temps son époux à Marseille. Elle loge alors chez son beau-père,
François Rouvier (1811-1890), au n°38 du boulevard du Jardin Zoologique. C’est
notamment le cas en 1879, année où elle participe au Concours régional de
Marseille. Elle y expose le buste en plâtre de M. Grévy, président de la
République (n°551) ; il s’agit d’une œuvre récente puisque Jules Grévy
(1807-1891) est élu président le 30 janvier 1879. Elle présente également le
buste en terre cuite de son mari (n°552), même si le catalogue le prénomme
Marius ! Cette fois, il s’agit d’une œuvre plus ancienne qu’elle a déjà
exposée au Salon des artistes français, à Paris, en 1875 (n°3440).
La
même année 1879, Claude Vignon montre au Salon des artistes français de 1879 le
buste en marbre de M. Thiers, premier président de la République française (n°5412).
Ce portrait du Marseillais Adolphe Thiers (1797-1877), commandé par le ministère
de l’Instruction publique et des Beaux-Arts deux ans après la disparition du
modèle, est aussitôt attribué au musée des beaux-arts de sa ville natale. Toutefois,
si elle est exposée dans la galerie des sculptures, ce n’est que pour peu de
temps. En effet, en janvier 1881, le radical Jean-Baptiste Brochier (1829-1886)
remporte les élections municipales et le siège de maire : celui-ci
s’oppose aussitôt à l’érection d’un monument public en l’honneur de l’homme qui
a brisé la Commune ; il est probable que le buste soit alors remisé dans
les réserves du musée.
Le
portrait de Thiers sort vraisemblablement de son purgatoire en 1930 au moment
où le Grand Lycée prend le nom de Lycée Thiers… contre l’avis de la
municipalité de gauche qui aurait préféré le nom moins polémique d’Edmond
Rostand ! C’est sans doute à cette époque où on l’érige dans la cour
d’honneur dudit lycée… où il ne reste guère ! Lors des événements de mai
1968, les lycéens rebaptisent leur école Lycée de la Commune de Paris !
Dans ces circonstances, on déplace le buste dans un couloir, puis finalement,
en 1990, un employé le déménage dans les réserves d’une extension moderne de
l’établissement.
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