jeudi 11 décembre 2025

Nageuse (Berthe Girardet sculptrice)

Jeudi 18 décembre, la maison Digard Auction vendra à l’hôtel Drouot un buste très original de la sculptrice marseillaise Berthe Girardet (1861-1948) : une Nageuse en bronze. 

Berthe Girardet, Nageuse, buste, bronze, vers 1928
Lot 212 – estimation 200 / 400 €

Cette œuvre, fondue à la cire perdue par le fondeur parisien Gatti, haute de 38 cm et longue de 70 cm, a été exposé pour la première fois à Amsterdam dans le cadre des jeux olympiques de 1928 (n°257). En effet, entre 1912 et 1948, les différents arts concouraient durant les olympiades pour glaner leurs propres titres olympiques.
Ce buste est l’une des nombreuses sculptures analysées par Sandrine Dequin dans sa monographie consacrée à Berthe Girardet qui paraîtra début 2026.

Couverture du livre de Sandrine Dequin

J’en profite pour vous livrer la préface que j’ai rédigée pour cet ouvrage :

Pourquoi publier aujourd’hui une monographie de Berthe Girardet ?
Les raisons objectives ne manquent pas. Parce qu’il s’agit de l’une de ces nombreuses femmes artistes dont l’Histoire de l’art a négligé l’intérêt et occulté le souvenir. Parce qu’elle voit dans la sculpture un plan de carrière et non un simple hobby comme la plupart de ses contemporaines issues de la grande bourgeoisie ou de l’aristocratie. Parce qu’elle appartient à cette cohorte de statuaires de la III République dont les œuvres sont régulièrement remarquées par la presse, primées dans les Salons et aux Expositions universelles, acquises ou commandées par l’État et les collectivités. Parce que son art très personnel puise son inspiration dans sa vie familiale, dans sa fibre sociale et sa foi protestante, dans son goût de l’exotisme et du pittoresque, dans son expérience traumatique de la Grande Guerre. Parce que ses partis pris esthétiques et ses cadrages originaux révèlent une personnalité forte. Tout cela concourt à poser un regard bienveillant sur l’œuvre de cette sculptrice injustement oubliée.
Mais, peut-être, la meilleure raison de publier cette monographie de Berthe Girardet réside-t-elle dans le talent de sa biographe !
Le point de départ de cet ouvrage est un remarquable mémoire de Master 1, soutenu à l’École du Louvre en mai 2022 par Sandrine Dequin. Celle-ci, malgré le délai très court d’une année scolaire, a produit un travail extrêmement bien documenté en exploitant de multiples sources nationales, départementales, municipales, familiales, confessionnelles, muséales, françaises et étrangères. Ce riche matériau archivistique lui a permis de suivre au plus près la vie et l’œuvre de Berthe Girardet : les ambitions, les succès et les échecs, les drames intimes ou nationaux, la reconnaissance avant l’oubli sont tour à tour évoqués dans une langue agréable à lire. Car le talent d’écriture n’est pas la moindre des qualités de Sandrine Dequin !
En tant que membres du jury dudit mémoire, nous avions exceptionnellement encouragé sa publication ; quelques années plus tard, nous sommes très heureux d’assister à la concrétisation de ce souhait.