Jeudi 18 décembre, la maison Digard Auction vendra à l’hôtel Drouot un
buste très original de la sculptrice marseillaise Berthe Girardet (1861-1948) :
une Nageuse en bronze.
Cette œuvre, fondue à la cire perdue par le fondeur parisien Gatti, haute
de 38 cm et longue de 70 cm, a été exposé pour la première fois à Amsterdam
dans le cadre des jeux olympiques de 1928 (n°257). En effet, entre 1912 et
1948, les différents arts concouraient durant les olympiades pour glaner leurs
propres titres olympiques.
Ce buste est l’une des nombreuses sculptures analysées par Sandrine Dequin
dans sa monographie consacrée à Berthe Girardet qui paraîtra début 2026.
J’en profite pour vous livrer la préface que j’ai rédigée pour cet ouvrage :
Pourquoi
publier aujourd’hui une monographie de Berthe Girardet ?
Les
raisons objectives ne manquent pas. Parce qu’il s’agit de l’une de ces
nombreuses femmes artistes dont l’Histoire de l’art a négligé l’intérêt et
occulté le souvenir. Parce qu’elle voit dans la sculpture un plan de carrière
et non un simple hobby comme la plupart de ses contemporaines issues de la
grande bourgeoisie ou de l’aristocratie. Parce qu’elle appartient à cette
cohorte de statuaires de la IIIe République dont les œuvres sont
régulièrement remarquées par la presse, primées dans les Salons et aux
Expositions universelles, acquises ou commandées par l’État et les
collectivités. Parce que son art très personnel puise son inspiration dans sa
vie familiale, dans sa fibre sociale et sa foi protestante, dans son goût de
l’exotisme et du pittoresque, dans son expérience traumatique de la Grande
Guerre. Parce que ses partis pris esthétiques et ses cadrages originaux
révèlent une personnalité forte. Tout cela concourt à poser un regard
bienveillant sur l’œuvre de cette sculptrice injustement oubliée.
Mais,
peut-être, la meilleure raison de publier cette monographie de Berthe Girardet
réside-t-elle dans le talent de sa biographe !
Le
point de départ de cet ouvrage est un remarquable mémoire de Master 1, soutenu
à l’École du Louvre en mai 2022 par Sandrine Dequin. Celle-ci, malgré le délai
très court d’une année scolaire, a produit un travail extrêmement bien
documenté en exploitant de multiples sources nationales, départementales,
municipales, familiales, confessionnelles, muséales, françaises et étrangères.
Ce riche matériau archivistique lui a permis de suivre au plus près la vie et
l’œuvre de Berthe Girardet : les ambitions, les succès et les échecs, les
drames intimes ou nationaux, la reconnaissance avant l’oubli sont tour à tour
évoqués dans une langue agréable à lire. Car le talent d’écriture n’est pas la
moindre des qualités de Sandrine Dequin !
En
tant que membres du jury dudit mémoire, nous avions exceptionnellement
encouragé sa publication ; quelques années plus tard, nous sommes très
heureux d’assister à la concrétisation de ce souhait.




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