lundi 8 septembre 2025

Projet de monument à Gyptis et Protis (Raymond Servian sculpteur)

En février 1943, le gouvernement de Vichy entreprend le dynamitage des quartiers de la rive nord du Vieux-Port à la demande expresse des Allemands. De 1947 à 1955, la ville se reconstruit et prend un nouveau départ. Pour le signifier, plusieurs sculptures décoratives évoquent le voyage des Phocéens partis fonder une colonie sur les rivages de la Gaule.

Raymond Servian (1903-1954), Amphitrite – Et sur les flots d’azur Phocée jeta à nouveau ses nefs,
haut-relief, pierre, vers 1955
Angle de la rue Tasso et de l’avenue Saint-Jean, 2e arrondissement

Oscar Eichacker (1881-1961), La Méditerranée, bas-relief, béton ou ciment, vers 1947-1952
5 rue de la Prison, 2e arrondissement

Anonyme, Amphitrite – Phocée renaissante à Amphitrite éternelle confiera son destin,
bas-relief, pierre, vers 1955
Angle de la rue Caisserie et de l’avenue Saint-Jean, 2e arrondissement

Élie-Jean Vézien (1890-1982), Neptune – En ce lieu Neptune calma les flots et créa cette merveille le Lacydon, bas-relief, pierre, vers 1955
Angle des rues Caisserie et Henri Tasso, 2e arrondissement

Dans ce contexte, il n’est pas surprenant que les noces de Gyptis et Protis, mythe fondateur de l’antique Massalia soit convoqué : la Reconstruction apparaît comme la refondation de Marseille après la Seconde Guerre mondiale. Un comité pour l’érection d’un Monument à Gyptis et Protis se forme en 1949. Très vite, le projet est confié au sculpteur Raymond Servian et à Jean Crozet (1909-1981), l’un des architectes marseillais participant aux chantiers la Reconstruction. Ensemble, ils conçoivent un imposant relief en marbre, haut de 4 mètres, posé sur un socle en pierre de la Couronne et implanté dans l’escalier reliant le Vieux-Port à la place de Lenche, entre la rue de la Loge et l’avenue Saint-Jean (ex-montée de la rue Caisserie).

Jean Crozet, Monument à Gyptis et Protis, plans et élévations, vers 1950 (ensemble et détails)
Archives départementales des Bouches-du-Rhône, 197 W 168

L’architecte chiffre sa réalisation à 14 000 000 d’anciens francs, réunis par souscription et par subvention ; quant au marbre pentélique de la sculpture, il s’agira d’un don du gouvernement grec. Un avis favorable est émis par l’inspecteur départemental de l’Urbanisme et de l’Habitation le 24 juin 1950. Néanmoins, le monument se situant dans un espace non encore reconstruit, le ministère de l’Éducation national dont dépend alors la Direction de l’Architecture, sursoit à l’érection pendant plusieurs années et encore en avril 1953.

Chantier de la Reconstruction de la rive nord du Vieux-Port, photographie vers 1950-1953
Archives départementales des Bouches-du-Rhône, 197 W 168

Au demeurant, les autorités souhaitent ardemment une maquette pour se faire une meilleure idée du projet. Raymond Servian s’exécute : « Devant une sorte de paroi, Gyptis, la fille du roi des Ségobriges, se profilant debout dans la jeunesse de sa nudité ferme et svelte, présente, en le choisissant pour époux, la coupe nuptiale à Protis, le Phocéen également nu, la chevelure ceinte d’une bandelette et tenant son manteau sur l’épaule, de même d’un pécheur son filet. »[1] La nudité des personnages contraste avec les esquisses habillées de Crozet dans ses plans.

Raymond Servian, Gyptis et Protis, maquette, plâtre, vers 1950-1953
Archives départementales des Bouches-du-Rhône, 197 W 168

Toutefois, ce n’est pas cela qui empêche la réalisation du projet mais la mort du sculpteur en février 1954 !

[1] Paul Sentenac, Raymond Servian, Marseille, 1954, p.75.

dimanche 31 août 2025

Émile Aldebert

Paul Azzopardi et le buste acquis sur le plateau d’Affaire conclue

Cette semaine, l’antiquaire Paul Azzopardi a acquis sur l’émission Affaire conclue (France2) un superbe buste en marbre d’homme présumé être un banquier marseillais, signé d’Émile Aldebert et daté de 1904. Cela a drainé une centaine de spectateurs vers mon blog. Du coup, je me suis rendu compte que je n’ai pas encore donné sa notice biographique issue de mon Dictionnaire des peintres et sculpteurs de Provence Alpes Côte-d’Azur :

Portrait photographique d’Émile Aldebert, 1902
Collection personnelle

Émile Aldebert (Millau, Aveyron, 28 août 1827 – Marseille, 7 mars 1924), sculpteur

Il s’installe à Marseille à l’âge de 9 ans et, à l’adolescence, fait ses études artistiques à l’école municipale de dessin. Dès 1851, il participe aux expositions de la Société artistique des Bouches-du-Rhône fondée par Émile Loubon (1809-1863), puis à celles du Cercle artistique et de l’Association des artistes marseillais : Spartacus blessé et Un génie éteint (1851, n°1 et 2), L’Amour tirant ses flèches (1855, bas-relief bois, n°5), Ariane à Naxos (1863, statue plâtre, n°312 & 1866, statue marbre, n°335), La Curieuse (1869, statuette terre cuite, n°378), Projet de fontaine à Méry, Papety, Ricard et Gozlan (1891, maquette plâtre, n°461), La Reine Jeanne (1897, médaillon plâtre, n°294), Naufragés (1908, groupe plâtre, n°328), Mes petits-enfants (1912, bas-relief bronze, n°321)…

Émile Aldebert, Ariane à Naxos, marbre, 1866
Photo trouvée sur Internet

Jean Bérengier,
Vivandière (Sambre-et-Meuse), plâtre, 1910 & Émile Aldebert, En détresse (Naufragés), plâtre, 1908, musée des Beaux-Arts de Marseille
Archives municipales de Marseille, 33 Fi 1506

À partir de 1868, il expose aussi au Salon parisien qui devient en 1881 le Salon des artistes français. Il y reçoit d’ailleurs une mention honorable en 1883 (Bateleur, statue plâtre, n°3271 – musée des Beaux-Arts de Marseille) et en 1886 (Enfant jouant avec une chèvre, groupe plâtre, n°3426 – musée des Beaux-Arts de Marseille).

Émile Aldebert, Bateleur, gravure d’après le dessin du sculpteur, 1883

Émile Aldebert, Deux amis (Enfant jouant avec une chèvre), plâtre, 1886, musée des Beaux-Arts de Marseille
Archives municipales de Marseille, 33 Fi 1505

En outre, les grands chantiers marseillais du Second Empire (palais de justice, préfecture des Bouches-du-Rhône, bibliothèque-école des Beaux-Arts) lui permettent de se construire une solide réputation d’ornemaniste. Puis, peu à peu, il gagne ses galons de sculpteur statuaire. Il exécute alors de nombreux édicules publics dont une paire de fontaines dédiées à l’Agriculture et à la Marine pour Sanary-sur-Mer (1867) et divers monuments commémoratifs : Augustin Fabre (hôpital de Sainte-Marguerite, anciennement à l’Hôtel-Dieu, 1893) et Antoine-Dominique Magaud (ancienne école des Beaux-Arts, 1910) à Marseille, Casimir Monier à Eyguières (1896), le Docteur Louis Barthélemy à Aubagne (1897), le Général Gaffori à Corte (1900)…

Émile Aldebert, Constantin, buste, pierre de Calissanne, 1870
Façade de la bibliothèque-école des Beaux-Arts, place Carli, 1er arrondissement

Émile Aldebert, L’Agriculture et La Marine, fontaines, Sanary-sur-Mer, 1867
Cartes postales

Émile Aldebert, Antoine-Dominique Magaud, buste marbre, 1910
Conservatoire national à rayonnement régional Pierre Barbizet, 2 place Carli, 1er arrondissement

Émile Aldebert, Monument au Général Gaffori, Corte, 1900
Carte postale

Parallèlement, il enseigne le modelage (1874), puis la sculpture (1884) à l’école des Beaux-Arts de Marseille. Il occupe ce poste jusqu’à la Première Guerre mondiale. Enfin, le 24 février 1884, il est reçu membre de l’Académie de Marseille. Son hôtel particulier (cf. notice du 30 juin 2020), sis au 11 de la rue de l’Obélisque (rue Louis Maurel), décoré par ses soins, vante aujourd’hui encore, telle une façade publicitaire, toute l’étendue du talent de cet artiste prolifique d’une exceptionnelle longévité. Après son décès, une vente publique disperse son fonds d’atelier les 2 et 3 avril 1924.

Catalogue de la vente du fonds d’atelier d’Émile Aldebert, 1924
Collection personnelle

dimanche 24 août 2025

Témoignage de Jean Hugues, jeune artiste provincial à Paris

Il y a une dizaine d’années, j’ai trouvé sur Ebay une lettre du sculpteur marseillais Jean-Baptiste Hugues, dit Jean Hugues (1849-1930), évoquant sa vie de jeune artiste provincial à Paris après ses quatre années de pensionnat à Rome. Il y évoque sa vie quotidienne et ses amitiés phocéennes.

Jean Hugues, lettre, 20 décembre 1881
Collection personnelle

L’encre s’estompant, j’en donne une transcription aussi fidèle que possible. Par ailleurs, je suis preneur d’informations sur les noms propres qui me sont inconnus.

20 Décembre 1881

Mon cher Flégier[1]

Je suis très affecté de ton silence et de ta disparition. T’aurais-je froissé ? Je me le demande et je cherche en vain un motif à une si longue absence. Je suis allé aux deux réunions de la Cigale[2]. Tu n’y étais pas ; j’espérais t’y trouver et te réitérer la prière de venir déjeuner avec moi. J’ai eu de tes nouvelles par Ducuis (?). Il t’avait vu ; tu étais bien portant ce qui me faisait croire à ta visite un jour ou l’autre. Or comme je vois que la montagne ne vient pas, je vais à la montagne. J’ai gardé ce trop excellent souvenir de nos relations pour les laisser tomber comme un mauvais aïoli. Allons ! Tu as donc oublié qu’il y a de bonnes huîtres chez Laurence ? / qu’il y a même autre chose, que nous pouvons causer un moment de nos amis de Marseille, de nos projets, de nos déceptions et de tout ce qu’on peut dire entre amis. Allons ! Je compte sur toi. Tu sais que je travaille comme plusieurs nègres. J’ai modelé tous les jours, quelque fois deux par jour. Tu vois quel tracas et quelle fatigue ! Je ne bouge pas, pas plus le dimanche qu’en semaine, quelque fois le soir pour ne pas trop abandonner certaines relations et c’est tout. Je suis donc très pardonnable tandis que toi qui viens dans le quartier la journée il me semble etc. etc.

J’ai reçu des nouvelles de Marseille par le neveu d’Amiel (?), par des lettres de Gonzague (?). J’ai répondu à sa dernière mais depuis plus rien. J’ai vu plusieurs fois Bompard[3]. / Je ne t’en dis pas plus long, j’ai mon modèle qui m’attend. Je te la serre affectueusement et promets-moi que tu n’en veux pas en venant un de ces matins.

Tout à toi
JB Hugues

Boulevard du Montparnasse 81

[1] Ange Flégier (1846-1927), compositeur et peintre marseillais. 
[2] La Cigale, société fondée en 1875 regroupant des hommes de lettres et des artistes originaires du Midi résidant à Paris. 
[3] Maurice Bompard (1857-1935), peintre marseillais.

samedi 9 août 2025

Petite carte postale estivale de la Bonne Mère

Eugène Lequesne, Notre-Dame de la Garde, août 2025
© photo David Coquille

À quelques jours de l’Assomption, je vous envoie une petite carte postale estivale de la Bonne Mère La statue monumentale de la Vierge à l’Enfant d’Eugène Lequesne (1815-1887) est actuellement sous échafaudage et ce jusqu’au 8 décembre, pour la fête de l’Immaculée Conception. La restauration conduite par l’architecte Xavier David (né en août 1959) – dont je vous joins l’étude préliminaire – est désormais achevée ; à présent débute la redorure de la sculpture en cuivre galvanoplastique.

Étude pour la restauration de la statue monumentale de Notre-Dame de la Garde


jeudi 31 juillet 2025

Fontaine de l’Horloge (Michel Coste sculpteur)

Entre deux quais de la gare Saint-Charles se trouve une discrète fontaine… si discrète qu’elle ne figure pas dans mon guide historique des Fontaines de Marseille ! J’ai longtemps cru qu’elle était l’œuvre du sculpteur aixois Jean Amado (1922-1995) ; en fait, elle a été conçue par un autre Aixois, Michel Coste (né en 1939).

Michel Coste, Fontaine de l’Horloge, pierre de Rognes, octobre 1984
Gare Saint-Charles, 1er arrondissement

Le projet s’insère dans les agrandissements que la gare Saint-Charles connaît dans les décennies 1970 et 1980. L’artiste prend place entre deux piliers porteurs, au-dessous d’une horloge qui donne son nom à la fontaine dont l’envergure se déploie sur 4,50 mètres. Il l’installe en octobre 1984 comme l’indique la date sous la signature.
La Fontaine de l’Horloge est emblématique des premières œuvres de Michel Coste dont l’ambition est de « faire émerger la beauté de la matière brute ». S’il affectionne particulièrement les marbres des Alpes pour leur veinage, il choisit ici la pierre de Rognes (Bouches-du-Rhône) travaillée en strates. Il atteint son but par l’abstraction des formes épurées.
Par la suite, l’œuvre de Michel Coste évolue : ses formes deviennent plus figuratives – quoique toujours aussi épurée – avec une prédilection pou la femme et le couple ; ses matériaux se diversifient notamment par des éditions en bronze ou en cristal. En 2016, sa statuette Phryné, éditée par Daum, est choisie pour être le trophée du Prix de l’Audace Créatrice

Michel Coste et Daum, Phryné, cristal, 2012

samedi 19 juillet 2025

Apollon vainqueur (Henri Lombard sculpteur)

Ce 19 juillet, l’hôtel des ventes de Vernon (Eure) a mis au enchères un grand bas-relief en plâtre (149 x 103 x 11 cm avec le cadre) du sculpteur marseillais Henri Lombard (1855-1929). Le commissaire-priseur l’a intitulé Œdipe et le Sphinx ; en fait, il s’intitule Apollon vainqueur.

Henri Lombard, Apollon vainqueur, bas-relief plâtre, 1888
Hôtel des ventes de Vernon, lot 174 – estimé : 300/500 € - vendu 1 900 €

Cette œuvre remarquable, quoique légèrement accidentée, est l’un des envois de Rome de Lombard. Il s’agit d’un devoir de 2e année du pensionnat à la Villa Médicis que l’artiste ne le réalise qu’à sa 4e année. Le sujet est décrit de la sorte dans le procès-verbal de l’Académie des Beaux-Arts : « Apollon vainqueur. Ce bas-relief traité avec talent présente une certaine originalité mais le sujet en est énigmatique. Apollon, debout, confère avec le Sphinx tandis que Diane s’envole, son arc dans une main et après avoir aidé son frère au massacre des Niobides à ce qu’il semble. Ceux-ci, entassé dans la partie inférieure du bas-relief contrastent avec le haut et complètent l’intérêt de cette poétique composition. » (Archives de l’Académie des Beaux-Arts, 5E17, p.496)
La sculpture est exposée à Rome à la Villa Médicis en juin 1888, puis à l’École nationale supérieure des Beaux-Arts de Paris en octobre de la même année avec les envois de Rome de tous les pensionnaires de l’État. En 1922, il reparaît à Marseille, lors de l’Exposition coloniale (n°220).

Henri Lombard, Apollon vainqueur, bas-relief bronze, 1898
Musée Granet, Aix-en-Provence

Henri Lombard fond l’œuvre en bronze et l’expose au Salon de la Société des artistes français en 1898 (n°3616, Apollon). Elle figure ensuite aux expositions universelles de Paris (1900, n°421) et de Gand (1913, n°45). L’État l’acquiert le 27 août 1909 pour 800 francs et la destine au Musée du Luxembourg (LUX335) où elle entre le 21 octobre suivant. Longtemps non localisée, elle est retrouvée au début du XXIe siècle et déposée au Musée Granet d’Aix-en-Provence en 2002.

jeudi 10 juillet 2025

Le rocailleur Stanislas Cailhol

Le 10 mai dernier, j’ai donné une notice consacrée au sculpteur François-Marius Cailhol (1810-1853). Toutefois, son frère Stanislas Cailhol (1814-1891?) est une personnalité tout aussi intéressante.
Plâtrier, cimentier et rocailleur, il apparaît tardivement dans l’Indicateur marseillais – en 1867, l’année même où la rubrique professionnelle des rocailleurs apparaît dans cet annuaire – et y figure jusqu’en 1891. Toutefois, à 50 ans passé, Stanislas Cailhol possède une longue expérience dans le décor architectural en ciment comme il l’explique lui-même dans un courrier au maire de Marseille justement en 1867 (archives municipales de Marseille 10M19). Il y énumère de nombreux travaux dans les propriétés phocéennes parmi lesquelles l’oratoire de M. Falque au Aygalades, les ruines de M. Berteaut à la Blancarde, la volière du presbytère de Sainte-Marguerite, la façade gothique sur jardin de M. Honnorat à la rue Sylvabelle… Toutefois, le premier chantier qu’il cite est celui du temple de l’entrepreneur Désiré Michel à l’Estaque.

Stanislas Cailhol, Temple, façade en ciment, 1864
Bastide Désiré Michel, 15 impasse du Bon Coin, 16e arrondissement

En 1859, Désiré Michel acquiert une bastide à l’Estaque qu’il entreprend d’agrandir. Dans ce cadre, le rocailleur Cailhol crée la façade du temple, la signe et la date de 1864.
Désiré Michel fonde en 1839 la Société Michel, Armand et Cie – qui devient par la suite Société des ciments de la Méditerranée Désiré Michel – pour promouvoir le ciment dans l’ornementation de l’architecture. En 1858, il annonce la construction du siège de son entreprise, sis traverse du Chapitre (auj. rue Frédéric Chevillon, 1er arrondissement), en trois mois seulement (juillet/septembre 1858) pour montrer les propriété plastique du ciment. Il est donc probable que Stanislas Cailhol ait – au moins pour un temps – travaillé dans la société de Désiré Michel comme sculpteur rocailleur avant de prendre son indépendance. Cela expliquerait son apparition tardive dans l’Indicateur marseillais.
En 1861, il obtient une médaille de bronze lors de l’exposition du Concours régional de Marseille. En 1867, il expose à la Société artistique des Bouches-du-Rhône une fontaine gothique en ciment (n°381). Par chance, à l’automne 1867, il en demande un emplacement au maire pour l’installer dans l’espace public en joignant un croquis à son courrier

Stanislas Cailhol, Fontaine gothique en ciment, aquarelle, 1867
Archives municipales de Marseille 10M19

Il réclame deux espaces sur la place Royale (place Charles de Gaulle, 1er arrondissement) : « Mon intention serait de creuser, au milieu du premier massif-gazon, un bassin de 2m00 de diamètre et d’y élever une Fontaine gothique, de 6m00 de hauteur, à jeux d’eaux intérieurs, le tout fouillé à jour et ciselé, comme peut vous en donner une faible idée l’aquarelle bien imparfaite que je joins à ma demande ; plus, sur le bord de l’allée, d’ornementer un kiosque pour la vente de journaux, dont on pourrait tirer parti pour la location. […] Enfant de Marseille, j’ai à cœur, depuis que mon talent s’est muri, de créer sur une de nos places un spécimen de mon travail, qui, d’après l’opinion du public artiste, n’est pas dépourvu d’originalité. / La Ville me fournira les matériaux, voilà tout et je serai trop heureux de pouvoir trouver ma récompense dans votre approbation et dans les félicitations de mes compatriotes. » Hélas, sa requête reste lettre morte ! 
L’œuvre de Stanislas Cailhol reste très largement à redécouvrir…