Fils
de l’architecte marseillais Joseph Jérôme Rougier (1823-1874), Paul Rougier (1849-1899)
est rentier et poète (Les Rêves,
1887). Il est difficile de savoir quand et comment il rencontre le sculpteur
Henri Lombard (1855-1929) ; peut-être est par l’intermédiaire de son
frère, l’architecte Frédéric Lombard (1850-1906), qu’il fréquente également et
qui a quasiment son âge.
Photographie, collection personnelle
La
première preuve établissant une relation entre le poète et le sculpteur date de
1891. Il s’agit d’une photographie d’un buste en bronze de Lombard, sans doute
acquis par Paul Rougier au salon marseillais, en janvier 1891. En fait, cette
année-là, le statuaire expose à Marseille deux bronzes à cire perdue – Tête (n°482) et Buste (n°481) – ayant figuré précédemment au Salon des artistes
français, à Paris, en 1891 (n°4175 et 4176). Sans descriptif plus précis, il
est difficile d’établir quelle œuvre correspond à ce portrait féminin.
Cette
relation se révèle amicale lors de la parution du recueil Dixains sur des fleurs de Provence (1899). Chaque poème est dédié à
ses proches, qu’ils soient de sa famille (son frère Henri Rougier et sa belle-sœur
Jeanne) ou de son cercle amical. Ainsi dédicace-t-il « Les Lauriers »
(I et II) à Henri Lombard et « Les Lauriers-roses » à Frédéric
Lombard.
Collection personnelle
Paul
Rougier disparaît brutalement à l’âge de 50 ans, l’année même de la publication
de ce recueil. C’est sans doute à cette époque que le sculpteur réalise son
portrait à l’encre. L’imprimeur marseillais Henri Michel (1861-1944) en tire
une gravure qui servira de frontispice pour la publication posthume des
dernières poésies de Rougier en 1901.
Henri
Lombard reste proche d’Henri et Jeanne Rougier, comme le montre la dédicace d’un
Génie en plâtre qu’il leur offre. Ce
fragment, peut-être conçu pour le piédestal du Monument à Pierre Puget (1906), porte l’inscription suivante :
« À mes amis Rougier
- H. Lombard 1905 » ; Henri Rougier le donnera
au musée du Vieux-Marseille en 1939.
Ancienne collection Annie Lombard-Vaïsse
Peu
ou prou à la même époque, le statuaire sculpte le buste de Jeanne Rougier,
comme le prouve une petite terre cuite restée dans la descendance de l’artiste.
Peu après, de sa propre
initiative ou à la demande d’Henri Rougier, Henri Lombard modèle un buste
allégorique à la mémoire du poète disparu. Il l’intitule Les Lauriers en souvenir des deux dizains qui lui étaient dédiés. Ce
buste est exposé dans plusieurs manifestations : Salon des artistes
français (1907, terre cuite, n°3085) ; exposition internationale d’électricité
de Marseille (1908, terre cuite, n°551) ; exposition franco-britannique (1908, plâtre,
n°984). Par ailleurs,
la Manufacture de Sèvres en réalise une édition en pâte de verre dès 1907
Collection particulière, Marseille
Enfin,
le sculpteur offre un buste en marbre à Marguerite Rougier (1891-1949), nièce
de Paul Rougier, à l’occasion de son mariage à Marseille avec Henri Eiglier
(1885-1916) le 25 avril 1911. Une fois encore, la dédicace traduit les liens d’amitié
qui l’attache à la famille Rougier : « À
Henri et Marguerite / Eiglier affectueusement / H. Lombard ».
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