Le
9 septembre dernier, j’ai acquis aux enchères un tableau du peintre roubaisien
Jean-Joseph Weerts (1847 1927). Il s’agit d’un portrait du sculpteur
marseillais Jean-Baptiste - au fil de sa carrière, il simplifiera son prénom en
Jean – Hugues (1849-1930). L’œuvre date de 1875, année du grand prix de Rome de
Hugues, et est exposé au Salon de la Société des artistes français de 1876 (n°2063-
Monsieur H.).
La
dédicace « à mon cher / ami J.B.
Hugues / J.J. Weerts / 1875 » montre que les deux hommes ont noué une
solide amitié lors de leurs années d’études à l’École national supérieure des
beaux-arts de Paris. Une amitié qui va perdurer et laisser de multiples traces
dans leur art respectif.
Lorsque Jean-Joseph Weerts (1807-1883), père du peintre éponyme, meurt le 7 août 1883, l’artiste commande à son ami marseillais un médaillon du défunt – fondu en bronze par Barbedienne – pour mettre en pendant du portrait de sa mère décédée quelques années plus tôt.
Dans la foulée, le sculpteur réalise le buste de son camarade. La version en bronze est exposée au Salon de 1884 (n°3621). En 2010, cette œuvre a été achetée par La Piscine - Musée d'art et d'industrie André Diligent de Roubaix où elle est désormais présentée au public.
Les deux hommes se reçoivent régulièrement pour faire la fête, ici en souvenir d’un ami absent, là pour une soirée déguisée. Il existe plusieurs clichés de Weerts et de ses proches grimés, notamment en moines… ce qui donnera prétexte à des scènes de genre plaisantes comme Le moine amateur de sculpture.
Dans cette peinture, un religieux grivois contemple une Rieuse en terre cuite… œuvre de Hugues. Le motif est isolé de son dernier envoi de Rome – Jeune femme jouant avec son enfant – dès 1881 mais ne sera exposée au public que plus tard : le marbre figure à l’Exposition d’art français de Copenhague de 1888 (n°445) et le bronze au Salon de la Société nationale des beaux-arts de 1891 (n°1319).
Weerts possède, quant à lui, une version en terre cuite sur un piédouche en marbre bleu turquin, très vraisemblablement un cadeau de son ami. La sculpture lui sert à plusieurs reprise de sujet à ses peintures, comme pour le portrait de Madame Galibert.
En 1889, Jean-Joseph Weerts et son épouse effectuent un voyage en Belgique en compagnie de leur ami marseillais. À la fin de cette même année, le peintre sert de parrain au sculpteur pour sa réception au rang de chevalier de la Légion d’honneur.
Enfin,
en 1890, Weerts réalise un superbe portrait d’Hugues dans son atelier. Le
sculpteur est entouré de plusieurs de ses œuvres, notamment son groupe d’Œdipe à Colone (plâtre au musée des beaux-arts de Grenoble ; marbre
au musée d’Orsay). Le tableau est exposé au Salon de 1890 (n°2423).
Addendum
du 1er novembre 2021 :
Le 29 novembre 2021, la maison de ventes aux enchères May & Associés vend à Roubaix un buste en marbre de Jean Hugues, figurant le filateur de coton roubaisien Pierre Antoine Louis Catteau (1820-1888). L’œuvre date de 1875, l’année de son grand prix de Rome. La renommée du sculpteur marseillais n’étant pas encore assez importante pour lui attirer une clientèle hors de la Provence, il est très probable qu’Hugues ait été introduit par Weerts dans la grande bourgeoisie de sa ville natale. Cela est d’autant plus plausible que le peintre est un vieil ami d’Henri Catteau (1846-1922), fils et successeur de l’industriel textile.
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