mardi 7 septembre 2021

Les représentations sculptées de la République à la préfecture des Bouches-du-Rhône

Éric Buyron, La République, projet de buste, papier calque, 1898-1899
Archives départementales des Bouches-du-Rhône 4 N 63

Éric Buyron, La République, projet de buste, calque double face, 1899
Archives départementales des Bouches-du-Rhône 4 N 63

Éric Buyron, La République, projet de statue, calque double face, 1899
Archives départementales des Bouches-du-Rhône 4 N 63 

Le 22 octobre 1898, un conseiller général demande un devis estimatif pour l’érection d’un buste en marbre de La République dans la niche de l’escalier d’honneur de la préfecture des Bouches-du-Rhône. Les premiers chiffres avancés par l’architecte du département Éric Buyron (1837-1920) paraissant mesquins (2 018,80 francs), un nouveau devis est fixé à 9 500 francs pour une statue en pied le 23 mai 1899.
Dans sa séance du 10 octobre suivant, le conseil général décide de mettre ladite statue au concours. Sont alors sollicités tous les sculpteurs nés ou vivants dans le département : leurs maquettes en plâtre blanc, au tiers de l’exécution finale et signées, doivent parvenir à la préfecture avant le 10 avril 1900. Neuf artistes répondent présents et, le 27 avril, un jury procède au choix du lauréat. Deux artistes se démarquent au premier tour de scrutin : Auguste Carli (1868-1930 – 4 voix) et le Constant Roux (1865-1942 – 3 voix). Ce dernier l’emporte finalement au quatrième tour de scrutin, sans doute grâce à son statut de grand prix de Rome.
Dès le mois de mai 1900, le conseiller général Juvénal Deleuil, pourtant membre du jury, demande l’annulation du verdict pour vice de forme ; en fait, il ne se satisfait pas de la défaite de Carli, son poulain. Roux saisit aussitôt la Société des artistes français pour défendre ses intérêts moraux et matériels. S’ensuivent des mois de procédure, qui interrompent la réalisation de la statue. Rétabli dans ses droits, le sculpteur reprend la réalisation de son œuvre, qui, désormais, ne doit plus investir la niche mais trôner devant elle sur un piédestal.

Constant Roux, La République, Salon de 1903
Carte postale 

Constant Roux achève la taille de sa sculpture au printemps 1903. Dans la foulée, il l’expose à Paris, au Salon de la Société des artistes français (n°3159). Haute de 2,30 m, vêtue d’un drapé ample et coiffée du bonnet phrygien lauré, elle figure une incarnation idéale de La République. Elle tient dans sa main droite le livre ouvert des valeurs républicaines, symbolisées par les initiales RF : Paix, Travail, Solidarité, Justice ; de la main gauche, elle prête serment de les protéger.

Nadar, Inauguration de la statue de La République, photographie, 1904
Archives départementales des Bouches-du-Rhône 1 M 1011

Constant Roux, La République, statue, marbre, 1903
Escalier 
d’honneur, préfecture des Bouches-du-Rhône, 6e arrondissement

Après l’exposition, la statue est rapatriée à Marseille. Mise en place durant l’été 1903, elle est inaugurée solennellement le 14 mars 1904.


Marielle Polska, Marianne – Catherine Deneuve, plâtre
Salon blanc, préfecture des Bouches-du-Rhône, 6e arrondissement
 © Xavier de Jauréguiberry

À la fin du XXe siècle, la préfecture s’enrichit d’une seconde effigie sculptée de La République. Il s’agit d’une œuvre de la sculptrice Marielle Polska (née en 1947). Ce buste est le lauréat d’un concours national initié par les Mairies de France en 1985. Il se démarque par sa composition originale faisant abstraction d’un socle ou d’un piédouche. Après Brigitte Bardot et Mireille Mathieu – sculptées par le Bordelais Alain Gourdon dit Aslan (1930-2014) – c’est au tour de l’actrice Catherine Deneuve de prêter ses traits à l’allégorie de Marianne. Le buste appartient à la collection de l’Atelier de moulage des musées nationaux et est édité par leur Atelier d’art. Aujourd’hui encore, on peut le leur commander moyennant 840 € pour le prix de base.

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