Le
22 octobre 1898, un conseiller général demande un devis estimatif pour
l’érection d’un buste en marbre de La
République dans la niche de l’escalier d’honneur de la préfecture des Bouches-du-Rhône. Les
premiers chiffres avancés par l’architecte du département Éric Buyron
(1837-1920) paraissant mesquins (2 018,80 francs), un nouveau devis est
fixé à 9 500 francs pour une statue en pied le 23 mai 1899.
Dans
sa séance du 10 octobre suivant, le conseil général décide de mettre ladite
statue au concours. Sont alors sollicités tous les sculpteurs nés ou vivants
dans le département : leurs maquettes en plâtre blanc, au tiers de l’exécution
finale et signées, doivent parvenir à la préfecture avant le 10 avril 1900.
Neuf artistes répondent présents et, le 27 avril, un jury procède au choix du
lauréat. Deux artistes se démarquent au premier tour de scrutin : Auguste Carli
(1868-1930 – 4 voix) et le Constant Roux (1865-1942 – 3 voix). Ce dernier
l’emporte finalement au quatrième tour de scrutin, sans doute grâce à son
statut de grand prix de Rome.
Dès
le mois de mai 1900, le conseiller général Juvénal Deleuil, pourtant membre du
jury, demande l’annulation du verdict pour vice de forme ; en fait, il ne se
satisfait pas de la défaite de Carli, son poulain. Roux saisit aussitôt la
Société des artistes français pour défendre ses intérêts moraux et matériels.
S’ensuivent des mois de procédure, qui interrompent la réalisation de la
statue. Rétabli dans ses droits, le sculpteur reprend la réalisation de son
œuvre, qui, désormais, ne doit plus investir la niche mais trôner devant elle
sur un piédestal.
Constant Roux achève la taille de sa sculpture au printemps 1903. Dans la foulée, il l’expose à Paris, au Salon de la Société des artistes français (n°3159). Haute de 2,30 m, vêtue d’un drapé ample et coiffée du bonnet phrygien lauré, elle figure une incarnation idéale de La République. Elle tient dans sa main droite le livre ouvert des valeurs républicaines, symbolisées par les initiales RF : Paix, Travail, Solidarité, Justice ; de la main gauche, elle prête serment de les protéger.
Après l’exposition, la statue est rapatriée à Marseille. Mise en place durant l’été 1903, elle est inaugurée solennellement le 14 mars 1904.
Marielle Polska, Marianne – Catherine Deneuve, plâtre
Salon blanc, préfecture des Bouches-du-Rhône, 6e arrondissement
© Xavier de Jauréguiberry
À
la fin du XXe siècle, la préfecture s’enrichit d’une seconde effigie sculptée
de La République. Il s’agit d’une œuvre
de la sculptrice Marielle Polska (née en 1947). Ce buste est le lauréat d’un
concours national initié par les Mairies de France en 1985. Il se démarque par
sa composition originale faisant abstraction d’un socle ou d’un piédouche. Après
Brigitte Bardot et Mireille Mathieu – sculptées par le Bordelais Alain Gourdon
dit Aslan (1930-2014) – c’est au tour de l’actrice Catherine Deneuve de prêter ses
traits à l’allégorie de Marianne. Le
buste appartient à la collection de l’Atelier de moulage des musées nationaux
et est édité par leur Atelier d’art. Aujourd’hui encore, on peut le leur
commander moyennant 840 € pour le prix de base.
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