Devoirs des pensionnaires marseillais
En
1868, Allar expédie à Marseille le bas-relief qui lui a valu un premier
accessit au concours de Rome de 1867 : La
Dispute d’Achille et d’Agamemnon. L’œuvre est exposée au salon de la
Société artistique des Bouches-du-Rhône où, selon le rapporteur d’une
commission spéciale municipale, elle est jugée digne d’éloges. Dans le cas
présent, l’envoi n’est pas effectué directement à la Ville, bien que celle-ci
puisse statuer dessus. Il s’avère probable, ici, que le pensionnaire ait toute liberté.
La même année, Hugues envoie une statue d’après l’antique, Le Faune au chevreau, à l’exposition de fin d’année de l’école des
Beaux-Arts de Marseille. La figure lui mérite des éloges publics lors de la distribution
des prix et rejoint la collection de moulages pour servir de modèle aux
aspirants artistes[1].
L’année suivante, le jeune homme expédie une étude ronde bosse d’après le modèle vivant, une étude de femme en bas-relief d’après le modèle vivant et un buste de jeune Italienne d’après nature. Contrairement à son collègue, Hugues paraît avoir des obligations envers sa ville natale.
Turcan
se plie également aux envois. On le remarque par une élégante académie en plâtre
exécutée pour l’entrée en loge en 1874. En 1877 encore, il achève son pensionnat
en expédiant la statue en plâtre qui l’a couronné du deuxième second prix de Rome
en 1876, Jason enlevant la toison d’or.
L’œuvre connaît un grand succès qui lui vaut une gratification supplémentaire
de 300 francs[2].
L’entrée
en vigueur de l’arrêté du 21 août 1875 précise les devoirs des élèves boursiers
année par année. Ces travaux s’avèrent nombreux : pas moins de six pour son
premier envoi. Lombard s’y conforme parfaitement : il adresse à l’école
deux études académiques et quatre maquettes de format réduit. En 1880, le jeune
sculpteur se trouve dans l’incapacité de présenter des travaux, mais sa montée
en loge, qui l’occupe de mai à fin juillet, constitue la meilleure des excuses.
Il propose d’expédier l’année suivante une esquisse de grande dimension et
assez poussée en dédommagement du contretemps. Il semble cependant que le
règlement contraignant soit délaissé peu à peu. Plusieurs fois, Auguste Carli
écrit au directeur afin de lui communiquer ses inquiétudes : « Je vous serais très obligé si vous
aviez la bonté de me dire si je dois faire des envois cette année. Si oui, en
quoi consistent-ils ? Pour quelle date vous les faudrait-il à Marseille ? »[3]
Visiblement, chacun agit de son propre chef. Les travaux effectués en loge ou
de grande taille frappent davantage les esprits des élus. Par conséquence, ils sont
très prisés des pensionnaires comme Carli qui expédie un bas-relief monumental
(2,15 × 1,70 m) en 1896.
[1] AMM, 31 R 97, registre des modèles de la
classe de sculpture : n°33, Le Faune
au chevreau. En 1873, Henri Lombard le dessine dans le cadre d’un concours
d’académie d’après la bosse.
[2] À cette somme s’ajoute le reliquat de sa
pension (200 francs).
[3] AMM, 31 R 73,
dossier Auguste Carli : lettre de Carli à Magaud datée du 21 mars 1894.
Aucun commentaire:
Enregistrer un commentaire